Biopic musical franco-belge, sorti en 2021, réalisé par Audrey Estrougo, avec Théo Christine, Sandor Funtek, Félix Lefebvre, César Chouraqui…
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Synopsis :
1989. Dans les cités déshéritées du 93, une bande de copains trouve un moyen d’expression grâce au mouvement hip-hop tout juste arrivé en France. Après la danse et le graff, JoeyStarr et Kool Shen se mettent à écrire des textes de rap imprégnés par la colère qui couve dans les banlieues. Leurs rythmes enfiévrés et leurs textes révoltés ne tardent pas à galvaniser les foules et … à se heurter aux autorités. Mais peu importe, le Suprême NTM est né et avec lui le rap français fait des débuts fracassants !
Bonjour tout le monde !
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour rattraper un biopic que j’étais très curieux de voir : Suprêmes.
Étant très fan de hip-hop depuis plusieurs années, j’étais assez curieux de découvrir ce biopic sur le groupe de rap français NTM. Je dois malgré tout avoué que j’ai toujours été davantage de l’école IAM que de l’école NTM.
Néanmoins, il faut dire que ça fait plaisir de voir une page importante de l’histoire de la culture hip-hop en France être au cœur d’un tel long-métrage.
Donc, même si j’avais quelques craintes concernant l’angle qu’allait choisir le film pour aborder cette partie de l’histoire du hip-hop (allait-il mentionner les autres groupes de l’époque, ou allait-il se permettre de réécrire un peu l’histoire, ou de mentir par omission, afin de mettre en valeur uniquement NTM ?), je dois avouer que j’avais vraiment envie de voir ce biopic.
N’ayant pas pu le découvrir au cinéma, j’ai donc décidé de le rattraper en VOD. Et je dois dire que Suprêmes a été une très bonne surprise pour ma part.
En fait, le premier point qui m’a agréablement surpris, c’est l’honnêteté du récit… Enfin, l’honnêteté en apparence. Je ne connais pas en détail l’histoire du groupe, mais on remarque très vite que l’idée du long-métrage ce n’est pas seulement de glorifier Joey Starr et Kool Shen (même s’ils sont évidemment mis en avant et qu’on s’attache forcément à leurs personnages), mais aussi de montrer leurs mauvais côtés et les tensions qu’il y a eu autour, et au sein même, du groupe.
On va très vite constater les différences entre Kool Shen et Joey Starr. Le premier prend nettement plus au sérieux la carrière du groupe que Joey Starr qui lui est plus dans la déconne.
Ce qui peut surprendre parce qu’au départ, c’est plutôt Joey Starr qui convainc un Kool Shen, d’abord réticent, de se lancer dans le hip-hop. Mais ce qui diffère entre les deux, c’est justement leurs ambitions je pense.
J’ai eu l’impression devant le film qui si Kool Shen hésitait au départ, c’est parce qu’il gardait les pieds sur terre et qu’il ne voulait pas se lancer dans quelque chose d’éphémère, s’il se lançait, c’était de manière professionnelle afin d’en faire son métier.
Là où Joey Starr voulait se lancer dans le rap plus pour se prouver à lui-même, mais aussi à ceux qui l’entouraient, son talent. On était plus sur une ambition liée à son égo en fait.
Encore une fois, c’est l’impression que donne le film. Mais je serais enclin à le croire, en partie en tout cas, car il ne faut pas oublier que les deux rappeurs ont été consultants sur la production du long-métrage…
Et pour ce qui de Joey Starr, vu l’image peu flatteur que le film donne de lui par moments, je me dis que Joey Starr n’avait aucune raison d’accepter ça si ce n’était pas vrai.
Par contre, je trouve que le récit donne une meilleure image de Kool Shen. J’avoue qu’à titre personnel, je préfère la carrière solo de Kool Shen à celle de Joey Starr, ça a peut-être influencé mon avis sur les deux personnages dans le film, je serais curieux d’avoir vos avis dans les commentaires.
En tout cas, je trouve que le portrait que le film donne des deux personnages a l’air plutôt honnête.
Et j’ai donc trouvé intéressant de découvrir les origines de ce groupe mythique du rap français, de découvrir le contexte social autour de la création du groupe, les tensions qu’il y avait déjà en interne, et les réactions provoquées par les textes des rappeurs auprès du grand public.
Et pour être honnête, je connais surtout le groupe pour ses musiques, surtout les plus connues (Laisse pas trainer ton fils, Seine Saint Denis Style, Ma Benz, Pose ton gun, etc.), mais j’ai connaissance de certains faits les concernant.
Notamment les conflits qu’il y a eu entre Joey Starr et Kool Shen. Le groupe s’est séparé, puis reformé, à plusieurs reprises. Et durant les périodes de séparation, les deux rappeurs n’ont jamais caché avoir des rapports très conflictuels, allant même parfois au clash. Et ces tensions, ont les voit déjà apparaître assez rapidement dans le film.
Ça commence par des problèmes avec l’équipe qui les entourait à leurs débuts. Ils n’ont été que trois artistes à signer en maison de disques alors que le collectif qu’ils formaient était composé d’une trentaine de personnes…
Je savais aussi que les textes du groupe avaient régulièrement fait polémiques, et qu’ils avaient même été condamné pour des « propos outrageants envers les forces de l'ordre » à six mois d'interdiction « d'exercer la profession de chanteur de variétés », et Joey Starr à trois mois de prison ferme (et trois mois avec sursis). Il y a eu un jugement en appel qui a nettement allégé cette peine.
Et donc, dans le film, on constate rapidement les polémiques en question à travers des scènes de reportages journalistiques et surtout grâce à une scène où le groupe se voit interdit de donner un concert par le maire de la ville où il devait avoir lieu.
Donc, ce qui est intéressant avec ce film, qui fait le choix de ne raconter que les tout débuts du groupe (il se termine avec leur premier Zénith de Paris, en 1992, juste après la sortie de leur premier album donc), c’est qu’il arrive tout de même à poser les bases de ce que sera le groupe par la suite… Comme si les différents rebondissements dans la carrière de NTM étaient déjà dans leur ADN dès le départ.
J’ai d’ailleurs une petite frustration à ce propos, j’aurais bien aimé que le film aille un peu plus loin que ce concert au Zénith de Paris, afin de pouvoir justement développer ces quelques évènements qui ont surement eu leur importance dans la carrière du groupe.
On aurait pu aussi parler du décès de Lady V en 2000 puisqu’on la voit régulièrement dans le film.
Je comprends tout de même pourquoi, le film a choisi de se concentrer sur la période entre la création du groupe et sa première consécration au Zénith de Paris. Il y a déjà énormément de choses à dire, notamment pour nous montrer comment on est parti d’un collectif d’une trentaine de personnes pour en arriver au groupe composé essentiellement de Joey Starr et Kool Shen que tout le monde connaît aujourd’hui.
Et en fin de compte, il faut admettre qu’en se concentrant surtout sur cette période, le film dresse un portrait déjà très complet du groupe.
En plus de l’histoire de NTM, le film donne aussi quelques informations intéressantes sur les débuts du hip-hop en France. On voit aussi les débuts d’un autre groupe emblématique de rap français : Assassin, composé de Rockin' Squat et Solo (dans le film en tout cas).
IAM est aussi mentionné et même pris comme exemple. Ce qui peut être surprenant lorsque l’on connaît l’importante rivalité qu’il y a toujours eu entre NTM et IAM.
Et ce qui est d’autant plus intéressant, c’est que le film parle des débuts du rap en France, et montre donc la réaction des fans de rap (uniquement de rap américain du coup, puisque les premiers rappeurs Français n’étaient pas encore connus) face à l’arrivée de ce courant musical en France.
Et on voit bien que beaucoup de questions vont alors se poser : est-ce que les Français sont légitimes à faire du rap alors que c’est une musique américaine ? est-ce que le rap est adapté à la langue française ? est-ce que les rappeurs Français ne devraient donc pas faire comme plusieurs chanteurs de rock Français et donc chanter en anglais ?
Ce sont donc des questions intéressantes qui montrent qu’il y avait vraiment tout à bâtir en France, et que les premiers rappeurs Français ont dû se battre, d’une part pour faire reconnaitre la culture hip-hop auprès du grand public, mais aussi d’autre part pour faire reconnaitre leur propre légitimité auprès du public qui écoutait déjà du rap.
Comme quoi, il y avait déjà des puristes du rap qui posaient problème alors que même que ce courant musical ne faisait qu’arriver en France.
Et le deuxième point intéressant sur ce sujet, c’est que le long-métrage va parfois mettre un peu en parallèle les débuts du rock en France et les débuts du rap en France. Une manière de montrer que les débuts de ces deux styles musicaux en France se sont faits un peu de la même façon, avec les mêmes préjugés et les mêmes difficultés.
Une manière de rappeler aussi que ces deux styles ont beaucoup plus en commun qu’on ne pourrait le croire, malgré la rivalité qui existe encore aujourd’hui entre les rockeurs et les rappeurs.
C’est d’ailleurs un sujet qui était déjà abordé dans le livre Entre la pierre et la plume d’IAM.
Donc, oui j’aurais aimé que le film aille un peu plus loin pour développer davantage certains sujets, mais ça ne l’empêche pas d’être déjà très intéressant.
J’ai aussi beaucoup apprécié certaines idées de mise en scène. Notamment les transitions qui permettent de montrer le temps qui passe d’une scène à l’autre qui sont plutôt bien trouvées.
Le casting est très bon. En tête, nous retrouvons bien sûr Théo Christine et Sandor Funtek, qui interprètent respectivement Joey Starr et Kool Shen.
Et enfin, concernant les musiques, il faut évidemment apprécier la musique de NTM et le hip-hop des années 90 pour apprécier la bande originale de ce biopic. Personnellement, j’ai été facilement embarquer dans le film, notamment grâce aux différentes musiques.
Voilà ce que j’avais à dire sur Suprêmes.
C’est une excellente surprise pour ma part. J’étais très curieux de le découvrir, plus pour l’histoire du hip-hop en France que pour l’histoire de NTM.
Encore une fois, comme je disais précédemment, je suis plus de l’école IAM que de l’école NTM. Mais j’ai tout de même passé un excellent moment devant ce biopic.
Je l’ai trouvé vraiment très intéressant sur de nombreux sujets, très bien réalisé, et surtout, les deux personnages principaux sont très bien interprétés par Théo Christine et Sandor Funtek.
Suprêmes est donc, pour moi, une véritable réussite. Je vous le recommande vivement.
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